Accueil Société Caméras de surveillance: Est-ce la fin de la vie privée ?

Caméras de surveillance: Est-ce la fin de la vie privée ?

Les Tunisiens sont de plus en plus nombreux à se doter de systèmes de protection et de caméras de surveillance. Mais, malgré l’existence d’un cadre juridique l’organisant (Instance nationale de protection des données personnelles «Inpdp»), on assiste à l’installation anarchique de caméras dans les maisons et dans les espaces privés.

A l’origine, le recours à ces moyens de surveillance n’est pas un problème en soi. Ce qui l’est, par contre, c’est l’usage qu’on en fait. Il est vrai que la pose de caméras dans les villes n’est plus un objet de polémique.

De la sécurité au voyeurisme !

Son utilité étant avérée, tous les pays du monde ne se privent plus des services de ces dispositifs. Ils en ont fait, même, leurs armes pour lutter contre tous les dangers et prévenir d’éventuelles menaces.

Notre pays est en train de développer son infrastructure en la matière pour répondre à des exigences sécuritaires de plus en plus pressantes. Des programmes pour doter les villes et les zones frontalières d’équipements de protection ont été lancés depuis longtemps.

Les privés, pour leur part, ne lésinent pas sur les moyens et font appel aux installateurs pour poser des caméras partout. En plus des sociétés, des entreprises et autres opérateurs économiques, tout le monde est de la partie. Il en va de même jusqu’au simple citoyen qui   cherche à posséder son propre système de surveillance chez soi.

C’est ainsi qu’un grand nombre de foyers ont été pourvus de ces caméras vendues partout ou sur des sites internet à des prix à la portée de tous. Ces sites proposent de grands choix qui tentent plus d’un à les acquérir et à les exploiter à son profit. De ce fait, n’importe qui, aujourd’hui, peut installer ces équipements sans demander d’autorisation. Sachant que cette autorisation devrait émaner de l’Inpdp. On constate, alors, une prolifération rapide du phénomène dans les lieux les plus divers et les plus inattendus. C’est le cas, par exemple, d’un cabinet médical. Le praticien a jugé bon d’installer dans la salle d’attente des caméras sans se soucier de l’atteinte à la vie privée de ses clients. Le conseil de l’Ordre des médecins devrait intervenir.

Dans les maisons, ces caméras peuvent constituer une gêne pour les voisins qui se sentent épiés toute la journée ou toute la nuit. De la sécurité on passe au voyeurisme.

Certes, il y a des garde-fous qu’il faut respecter. Les autorités doivent le rappeler à qui de droit pour qu’il n’y ait pas cette prolifération anarchique.

Contrainte ou atteinte?

N’oublions pas que l’installation de tels systèmes n’est pas autorisée à n’importe qui ou dans n’importe quel endroit. Cette donnée est totalement ignorée. A titre de rappel, il est utile de préciser que la loi fixe des limites à ne pas outrepasser. Seules les autorités publiques ont le monopole d’utiliser les moyens de vidéo-protection. Sur un autre plan, seuls les lieux ouverts au public et leurs entrées, les parkings, les moyens de transport public, les ports maritimes et les aéroports, ainsi que les lieux de travail collectif peuvent bénéficier du privilège d’installer des systèmes de vidéo-protection.

Bien qu’on ne dispose pas de statistiques exactes sur ces appareils de surveillance, on peut les estimer à plusieurs centaines de milliers (professionnels ou domestiques). Selon une société installée en Tunisie et spécialisée dans la vente de ce matériel, près de 30 à 40.000 appareils sont écoulés sur le marché par an. Ceci sans parler des petits équipements domestiques qui sont installés par les propriétaires privés. C’est, justement là qu’il y a des craintes à se faire. Ces gens ne tiennent pas compte de la vie privée des autres et, notamment, leurs voisins. Ces derniers se sentent soumis à une surveillance continue et à une atteinte à leur intimité.

L’usage des caméras est détourné de ses vrais objectifs. De par la facilité de leurs acquisitions et leur installation, ces outils se répandent de façon anarchique et foulent au pied les droits à une vie privée à l’intérieur de son habitat.

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